LE JOURNAL N°118

Gaz carbonique (CO2) : Produit naturel de toute combustion carbonée, il est responsable d'environ 50% de l'accroissement de l'effet de serre.
Méthane (CH4) : Produit par le fermentation des matières organiques en l'absence d'oxygène, il provient principalement des rizières, de la digestion des ruminants, des lisiers de porcs, des décharges d'ordures ménagères, des fuites de gaz naturel. C'est un gaz à effet de serre.
Ozone (O3) : indispensable en altitude, il fait écran aux rayons ultra-violets du soleil, néfastes pour la santé. A basse altitude, c'est un gaz à effet de serre et il peut s'avérer toxique : il en résulte des réactions chimiques entre oxydes d'azote, composés organiques volatils et monoxyde de carbone, sous l'influence du rayonnement solaire.
Protoxyde d'azote (N2O) : il est émis par la transformation de la matière azotée dans les sols. Ses émissions sont accrues par l'utilisation d'engrais azotés. Ce gaz est également présent dans les fumées de combustion. il est très actif sur le plan de l'effet de serre.
Chlorofluorocarbures (CFC) :Produits de l'industrie chimique ils sont utilisés comme fluides réfrigérants, mousses et jadis comme bombes aérosols. ils contribuent à l'effet de serre dans la troposphère et agressent la couche d'ozone dans la stratosphère.
Une préoccupation grandissante :
L'accroissement de la teneur en gaz carbonique et autres polluants dans l'atmosphère, du fait des activités humaines provoque un risque d'augmentation de l'effet de serre. Ce phénomène a pris une telle ampleur qu'il est aujourd'hui pour l'ensemble dela planète, un sujet de préoccupation grandissant. En effet, si l'on ne réagit pas dès aujourd'hui, il risque dans les prochaines années d'être à l'origine de changements climatiques défavorables. La mise en place d'une action coordonnée à l'échelle planétaire prend caractère d'urgence.
2-Qu'est-ce que l'effet de serre ?
L'atmosphère se comporte comme une serre de jardin : elle laisse passer une grande partie du rayonnement solaire, mais retient la chaleur qu'il provoque à l'intérieur. Seeule une faible part du rayonnemnt solaire est absorbée directement par l'atmosphère; une autre est diffusée dans toutes les directions; enfin une troisième part atteint le sol. Ce dernier renvoie à son tour vers l'espace cette énergie sous forme de chaleur rayonnante infrarouge, chaleur qui se trouve pour une part retenue, "piégée" par les gaz à effet de serre présents dans l'atmosphère (vapeur d'eau, gaz carbonique, méthane, CFC, protoxyde d'azote, ozone...).
il en résulte une élévation de la température de l'air de la basse atmosphère. Cest cet échauffement de l'atmosphère par l'absorption des infrarouges émis par la terre que l'on nomme effet de serre.
En lui-même, ce phénomène est naturel, bienvenu même : sans effet de serre, la terre aurait une température moyenne de -18°C contre +15°C actuellement. Mais aujourd'hui, du fait de l'accroissement des concentrations de certains gaz à effet de serre dans l'atmosphère, ce phénomène s'intensifie.
3-L'atmosphère sous l'effet de serre.
Les gaz rejetés dans l'atmosphère par les activités humaines forment un véritable écran entre le soleil et la terre. Ces émissions atteignent aujourd'hui des proportions sans précédent. Les risques qui y sont liés aussi. Les activités humaines provoquent à une vitesse croissante, une modification de la composition chimique de l'atmosphère. En effet, si les habitants de la terre conservent le même mode de vie, la concentration de l'ensemble des gaz à effet de serre, mesurée en équivalent CO2, serait doublée d'ici 50 ans. Et ceci à cause des rythmes d'augmentation de plus en plus rapides des principaux gaz à effet de serre, tels que le CO2, le CH4, les CFC et le N2O.
4-Des gaz à très longue durée de vie.
Résistants, certains de ces gaz ont une durée de vie très longue dans l'atmosphère. Elle peut aller de 10 ans pour le CH4 à 120 ans pour les CO2 ou 130 ans pour le CFC12. Pour stabiliser leur concentration dans l'atmosphère, il ne suffit pas de stabiliser les émissions. il devient urgent de les réduire de manière conséquente : de 15 à 20% pour le CH4, de 75 à 85% pour le cfc12 et de plus de 60% pour le CO2. Ces gaz ont aussi une capacité différente à absorber la chaleur. Celle-ci peut en effet varier, sur une période de 20 ans, de 1 (CO2) à 7000 (CFC12). D'où une responsabilité inégale dans le réchauffement du climat, dont il faut tenir compte.
5-Les polluants classiques ont leur part de responsabilité.
Les gaz produits dans les combustions en même temps que le CO2 (CO, NOX et les hydrocarbures) influent indirectement sur l'effet de serre. Ainsi, le CO contribue-t-il au maintien prolongé des molécules de méthane dans l'atmosphère, sans compter qu'il termine sa vie en se transformant en CO2.
6-Une responsabilité partagée.
Les gaz impliqués dans l'effet de serre sont nombreux et de nature différente. Le champ des activités responsables de leurs émissions est large. Tous les pays sont concernés.
        Pays de l'Est Etats Unis
      U.E
      Japon
    France
Moyenne mondiale  
Pays en voie de développement  
0,4(c)/hab/an 1,1t(c)/hab/an 1,82t(c)/hab/an 2,1t(c)/hab/an 2,28t(c)/hab/an 3,2t(c)/hab/an 5,2t(c)/hab/an
Quelques 6 milliards de tonnes de carbone (sous forme de CO2) sont actuellement rejetées dans l'atmosphère du fait de l'utilisation d'énerghies fossiles (charbon, pétrole). S'y ajoutent des rejets de gaz connexes (CO, NOX, COV) qui ont un impact équivalent sur l'effet de serre.
Ainsi, la production et l'utilisation d'énergies fossiles représdentent à elles seules environ les deux tiers de l'effet de serre additionnel dû aux activités humaines : 12 milliards de tonnes/an d'équivalent carbone. La déforestation tropicale et les feux de savane y contribuent également de façon importante : entre 2 et 4 millions de tonnes/an d'équivalent carbone. il faut aussi mentionner l'agriculture, impliquée dans les émissions de méthane liées à la culture du riz et aux importants troupeaux de ruminants.
CO2
combustions/transports
394Mt
dont transport 128
CH4

déchets/ruminants lisiers

rizières/sols inondés

4-6Mt
dont déchets 1-2,8
N2O
agriculture/combustions
0,2Mt
dont agricultue 0,1
CFC

froid/mousses/aérosols

déchets/etc...

50 000Mt
CO
combustions/transports
7,3Mt
dont transport 6,4
NOX
combustions/transports
1,6Mt
dont transport 1
CO2
transports/industrie
1,9Mt
dont transport 1,2

 

7-La contribution de la France.

La contribution de la France à l'effet de serre est estimée à 2 %.
*Pour les CO2, les émissions françaises d'équivalent carbone (150Mt/an) rapportées à la population sont faibles comparativement à celles des autres pays industrialisés.
Si entre 1980 et 1988 a été enregistrée une réduction de 25% des émissions de CO2, tous les secteurs n'y ont pas participé uniformément. Ainsi, les transports ont vu augmenter leurs émissions de 30% depuis 1980.
*L'agriculture provoque essentiellemnt des émissions de méthane dues à la fermentation intestinale des bovins et aux déjections porcines. Les nitrates contenus dans le sol peuvent donner lieu à des émissions de N2O importantes.
*La mise en décharge des déchets ménagers et industriels putrescibles est génératrice d'émissions de méthane et de CFC.
*Les émissions de CFC ont un impact plus important que les émissions de CO2 fossile sur l'effet de serre. Les stocks actuels non encore dispersés dans l'atmosphère sont imortants.
La composition chimique de l'air découle d'échanges continus de matière entre l'atmosphère et différents réservoirs : océans, sols, végétation... Ces échanges de matière conduisent à des cycles, l'un des plus connus étant le cycle de l'eau, mais il existe aussi un cycle du carbone, de l'azote, du soufre...
8-Le rôle de la fôret dans l'effet de serre.
L'homme déboise la terre depuis des millénaires. Jusqu'au début de ce siècle, cela se pratiquait surtout dans les régions tempérées. Depuis peu, ce phénomène touche, avec un rythme qui s'accélère, les régiion tropicales où 14 millions d'hectares de forêts ont été déboisés contre 7,5 millions dix ans plus tôt. Dans la mesure où le déboisement libère le gaz carbonique fixé normalement par photosynthèse dans la forêt, ce sont ainsi 2 milliards de tonnes de carbone supplémentaires qui sont dégagées chaque année dans l'atmosphère par les seules régions tropicales.
La France, avec d'autres pays, a adopté au contraire une politique d'extension de son patrimoine forestier et de valorisation énergétique de la biomasse.
Depuis le 19eme siècle, les activités humaines ont perturbé ces cycles naturels notamment le cycle du carbone. De fait, nous intervenons sur le stock de la biosphère par l'utilisation des énergies fossiles, par la déforestation, les feux de forêts et les modifications de sols dus au développement de l'agriculture.
Ainsi, 8 milliards de tonnes de carbone sont rejetés annuellemnt dans l'atmosphère du fait des activités humaines, essentiellemnt par la combustion des énergies fossiles. Or seule la moitié de cet excédent se trouve biologiquement absorbée par les océans et la végétation, le reste s'accumulant dans l'atmosphère. Résultat : la concentration de CO2 augmente de 0,5% par an.
9-Des boulversements climatiques en perspective.
Perçu comme un risque majeur pour l'avenir de la planète, le réchauffement de l'atmosphère par effet de serre accentuera la hausse du niveau des mers, la désertification et la sécheresse.
Un réchauffement annoncé : Si rien n'est fait pour maîtriser, d'après les experts du GiEC le réchauffement menace de progresser au rythme de 0,3°C par décennie, ce qui n'était jamais apparu depuis 10 000 ans. A ce rythme en 2025 la température globale moyenne aura augmenté de 1°C environ, et de 3°C à la fin du siècle prochain. Cette élévation peut sembler modeste. Cependant les risques de boulversements qui en découleront sont considérables. Un changement de l'ensemble du climat interviendrait.
Une région humide pourra devenir plus aride et inversement. Selon les modèles climatiques, le réchauffement annoncé ne sera pas uniforme dans le temps ni dans l'espace. D'une façon générale, les écarts thermiques entre les saisons et les continents pourraient être moins marqués, l'élévation de température serait plus forte aux pôles qu'à l'équateur, plus élevée en hiver qu'en été. Le régime des pluies se modifirait, la teneur en vapeur d'eau de l'atmosphère devenant plus importante du fait d'une évaporation accrue. Notre environnement immédiat risque donc de se transformer radicalement, d'autant que beaucoup d'activités dépendent des conditions climatiques : l'agriculture, la pêche, le tourisme...
Demain, l'inconnu : Ces phénomènes restent cependant difficiles à appréhender aujourd'hui. En effet, on ne sait comment la couverture nuageuse évoluera avec le réchauffement pas plus que n'est connu l'ensemble des actions et réactions du système climatique qui pourraient amplifier ou au contraire atténuer ce phénomène, en particulier la capacité des océans et des glaces polaires à différer ce réchauffement. il ne fait en tout cas plus de doute que ce réchauffement peut s'accélérer à un rythme trop rapide pour que les écosystèmes et les populations puissent s'adapter sans dommage.
Au devant de catstrophes : Non seulement les nouvelles données affecteront l'environnement quotidien de chacun, mais à l'échelle mondiale tous ces phénomènes auront une incidence sur les grands équilibres terrestres. Sous l'effet de la chaleur, la seule dilatation des océans entraînera une élévation de 20 cm au cours des quarante prochaines années et de 65 cm à la fin du siècle prochain d'après le GiEC risque de noyer les plus basses îles et les zones côtières. Certaines îles-pays, la Polynésie par exemple, pourraient être rayées de la carte. Certaines zones seraient à l'inverse touchées par la désertification (notamment le pourtour de la Méditerranée).

La fréquence des cyclones pourraient augmenter.

En France, l'ampleur et la fréquence des sécheresses estivales telles que celles rencontrées ces dernières années pourraient augmenter et parallèlement celles des risques d'incendie dans un environnement forestier déjà affecté par le brutal changement de climat. L'approvisionnement en eau pourrait devenir difficile et les stations de sports d'hiver connaître un enneigement plus faible.

10-Que faire dès maintenant ?
Avant même de mesurer complètement les conséquences de l'effet de serre, des actions internationales s'imposent. Nos modes de vie doivent changer. C'est là un passage obligé si l'on veut parer l'inévitable.

Les études montrent qu'une décroissance des émissions de gaz carbonique de 2% par an permettrait de stabiliser la teneur atmosphérique en CO2 à des niveaux différents selon que cette décroissancecommence en 1990 ou en 2000.

Aujourd'hui, il devient urgent d'engager une stratégie planétaire pour éviter le réchauffement de l'atmosphère, car la réduction des émissions de gaz à effet de serre ne pourra être obenue sans un engagement solidaire de tous les pays et de leurs habitants.

Un chiffre : si la totalité de la population de la planète accédait à la fin du siècle prochain aux niveaux d'émissions actuels des pays industrialisés, les émissions totales de CO2 seraient multipliées par 6 !

Des mesures à prendre : Ces mesures font partie du programme d'actions contre l'effet de serre préconisé par la MiES (Mission interministèrielle de l'Effet de Serre).

Arrêter la déforestation : En réduisant de moitié le rythme du déboisement dans les régions tropicales, on peut diminuer de 5 à 15% le taux d'accroissement du gaz carbonique dans l'atmosphère.

Economiser l'énergie : La réduction des consommations d'énergie, son utilisation rationnelle, la diffusion de techniques plus économes, ont un rôle majeur à jouer. La France, depuis plusieuurs années, s'est engagée avec succès dans cette voie. Elle devra amplifier son action. La biomasse, l'énergie solaire, la valorisationdes ordures ménagères sont autant d'énergies renouvelables qui, bien utilisées, offrent une solution doublement intéressante : lutter contre l'effet de serre et préserver les ressources naturelles.

Maîtriser les transports : Le secteur des transports représente dans notre pays un tiers des émissions de CO2 et près des 3/4 des émissions de polluants classiques. il contribue le plus à la pollution de l'air de nos villes notament par les NOX. La maîtrise des émissions de ce secteur passe par un changement de nos mentalites, de nos modes de déplacement.

L'objectif est de réduire les émissions en promouvant les économies d'énergie, en développement les transports collectifs, en mettant au point des véhicules moins polluants (véhicules électriques...), en maîtrisant la demande des transports combinés rails-routes, etc...).

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