LE JOURNAL N°119
La belle jungle des labels.
1- Signes officiels de qualité français.
2- Le Label Rouge : la saveur avant tout.
3- Le Label Régional.
4- La certification de conformité produit(CCP).
5- L'Appellation d'Origine Contrôlée (AOC).
6- La mention "Agriculture Biologique" (AB).
7- L'appellation "Montagne".
8- La Chartre des Produits de Terroirs du Nord-Pas de Calais.
9- Les produits "Parc Naturel Régional".
10- Les signes de qualité européens :(introduction)
-10/1 : (AOP) Appellation d'Origine Protégée.
-10/2 : (IGP) Indication Géographique Protégée.
-10/3 : (STG) L'attestation de spécificité "Spécialité Traditionnelle Garantie".
-10/4 :La mention "Agriculture Biologique" Européenne.
Qu'est ce qu'un "vrai" signe de qualité ?
S'il fallait donner une définition précise et claire, voire juridique, de la notion officielle de label de qualité pour les produits agro-alimentaires, il faudrait tenir compte des paramètres suivants :
- Enfin, l'obtention d'un signe de qualité entraîne l'apposition sur le produit d'un logo ou d'une mention certifiée, dont l'utilisation nécessite une autorisation des Pouvoirs Publics.
Le Label Rouge : c'est le "roi" des signes de qualité. Lui seul garantit la supériorité du produit, à tous les niveaux, y compris la saveur. On peut affirmer que les produits label rouge sont des produits haut de gamme. En France aujourd'hui, on dénombre 219 types de produits détenteurs de Label Rouge, ce qui correspond à environ 450 références commercialisées.
Le Label Régional : il s'agit en fait d'un Label Rouge avec une spécificité régionale en plus (produit lié à son terroir par l'origine ou la recette) et plutôt une orientation "savoir-faire", par rapport au label rouge qui concerne les matières premières. Ce label régional ne concerne que 5 régions (Nord-Pas de Calais, Savoie, Midi-Pyrénées, Ardennes de France, Franche-Comté) et pourrait bien disparaître à l'horizon 2002, remplacé par des signes officiels européens.
L'Appellation d'Origine Contrôlée (AOC) : Le patriarche des signes de qualité, crée en 1919. L'AOC certifie le lien intime entre un produit et son origine géographique, son"terroir", enterme de production et de recette. Attention car cela ne va pas plus loin, la garantie de "qualité", surtout en terme de saveur, n'est pas aussi forte que pour les labels rouges ou régionaux. Mais l'AOC est le signe le plus affirmé en ce qui concerne l'aspect "terroir" d'un produit. On dénombre aujourd'hui environ 300 produits AOC dans le secteur vinicole, et environ 80 pour les autres secteurs agro-alimentaires en France.
La certification de conformité : Ce signe de qualité existe depuis 1990 et atteste pour le produit le respect d'un cahier de production, dans l'objectif de se démarquer des produits courants du même type sur au moins deux caractéristiques précises, qui doivent apparaître su l'étiquette. Ces caractéristiques sont très variables, en fonction des produits, des régions,etc... Bien souvent, elles n'assurent pas une réelle qualité supérieure pour le produit, au contraire des Labels Rouges et régionaux. Aujoiurd'hui, environ 150 produits bénéficient de cette appellation.
L'agriculture biologique : il s'agit également d'un signe officiel de qualité, uniquement représnté par le logo "AB". La production est faite de manière naturelle, sans adjonction de produits chimiques, avec principes de conversion progressive des terres et rotation des cultures. Les produits obtenus peuvent donv être considérés comme plus naturels, mais les notions de saveurs et de santé, qui leur sont généralement attribuées, sont des paramètres subjectifs qui n'entrent pas enligne de compte pour l'attribution du logo AB.
Au-delà de ces 5 signes officiels de qualité français, on recense également dans notre pays d'autres signes moins "forts" mais néanmoins officiels, comme l'appellation "Montagne" ou les "Produits Parc" et la "chartre des produits de Terroirs du Nord-Pas de Calais"?
2- Le Label Rouge : la saveur avant tout.
C'est le signe officiel le plus engageant en terme de qualité. En effet, seul ce label atteste, au delà des méthodes rigoureuses de sélection, d'élevage, de production, la qualité supérieure en terme de goût (saveur) et d'image.
Principes d'attribution : Le label rouge n'est attribuable que dans une logique de filière. C'est à dire que l'ensemble des intermédiaires, producteurs, transformateurs doivent se constituer en "groupement de qualité". il s'agit d'une structure, quelle que soit sa forme juridique, à laquelle adhère l'ensemble des opérateurs de la filière concernée. Le groupement est propriétaire exclusif du cahier des charges et de la marque collective qui en découle.
Les contrôles sont réalisés par un organisme certificateur agréé par la CNLC et accrédité par le COFRAC possédant pouvoir de sanction.
Notion de saveur et de "qualité haut de gamme":Les produits Label Rouge sont également garantie d'une qualité organoleptique supérieure. Ceci est primordial, surtout pour le consommateur car on a bien là une recherche de résultat et pas uniquement de moyen.Pour cela, rappelons que les produits subissent des analyses sensorielles et des tests de dégustation confiés à des collèges de spécialistes, mais aussi et surtout à des jurys de consommateurs.
Le Label Rouge se positionne donc clairement dans le "haut de gamme". Pourtant, il semble ne pas être forcément perçu comme tel par les consommateurs. Son ancienneté et son caractère "courant"sont certainement à la base d'une certaine "banalisation" aux yeux du grand public. il est également assimilé aux volailles, bien qu'il couvre une large gamme de produits.
Un autre élément vient de relancer le débat : l'apparition de produits à marque de distributeur estampillés Label Rouge. D'une part l'association d'un nom d'enseigne avec le logo officiel est condamnée par certains professionnels, mais surtout les produits en question sont vendus à des prix nettement inférieurs aux produits Label Rouge de marque. Cette grande différence de prix ne risque-t-elle pas de faire perdre au consommateur ses repères et de refaire passer le prix au premier plan des préoccupations devant la recherche de qualité des produits ?
Il faut donc continuer l'information grand public pour réaffirmer la place de leader du Label Rouge sur l'échelle de qualité, ce dernier souffrant visiblement de la confusion générale qui règne dans l'univers des signes distintifs.
3- Le Label Régional.
Le Label Régional est comme le Label Rouge, un label agricole, et offre donc le même niveau de qualité. S'y ajoutent des spécificités régionales, des caractères typiques et représentatifs d'une région.
Les différents labels régionaux et leurs produits :
Il existe en France 5 labels régiionaux, proposant chacun un certain nombre de produits avec une grande diversité :
- Le label régional Nord- Pas de Calais : 5 filières
- Le Label régional Ardennes de France : 3 filières
- Le Label régional Franche-Comté : 6 produits
- Le Label régional Païs/Midi-Pyrénées : un seul produit (foie gras et magret decanard ou d'oie)
- Le Label régional Savoie : 4 filières.
Quel avenir pour les labels régionaux ?
La loi d'orientation agricole de 1994 a définitivement arrêté l'attribution des labels régionaux, seuls les 5 précédemment cités existent donc toujous aujourd'hui. La règlementation européenne compromet toutefois leur avenir . En effet, à partir de février 2002, toute référence géographique cncernant un produit devra obligatoirement être conforme aux signes officiels européens, à savoir l'IGP et l'AOP.
Les labels régionaux disparaissent donc officiellement, et théoriquement les produits concernés sont tenus d'exploiter le logo "label rouge", assorti d'une IGP ou AOP.
4- La certification de conformité produit (CCP).
Face à la relative ancienneté des labels agricoles, créésdans les années 60, la certification des produits alimentaires a été initiée en 1988, dans le cadre d'une loi relative à l'adaptation de l'exploitation agricole à son environnement économique et social. Deux ans plus tard, en 1990, était finalement mise en place la certification de conformité, signe de qualité adapté aux évolutions techniques de la production agro-alimentaire moderne.
La certification de conformité atteste qu'une denrée alimentaire ou qu'un produit agricole non-alimentaire et non transformé est conforme à des caractéristiques spécifiques ou à des règles préalablement fixées dans un cahier des charges portant selon le cas, sur la production, la transformation u le conditionnement.
Plus clairement, on peut dire de la certification de conformité qu'elle atteste qu'un produit se distingue de la gamme "courante", sur au moins deux critères, ceux-ci étant contrôlés par un organisme certificateur indépendant, dans le respect d'un cahier des charges.
5- L'Appellation d'Origine Contrôlée (AOC).
L'Appellation d'Origine Contrôlée est le plus ancien des signes distinctifs concernant les produits agro-alimentaires. Si elle a été créée en 1919, elle ne devient "contrôlée" qu'à partir de 1935 sur le secteur des eaux de vie et des vins. Elle s'étend aux fromages en 1955. Depuis 1990, elle concerne l'ensemble des produits agricoles et des denrées alimentaires.
L'AOC réglemente la façon dont la dénomination géographique d'un pays, d'une région ou d'une localité, est utilisée pour désigner un produit en question doit être originaire, et ses qualités et caractéristiques doivent être dues exclusivement ou essentiellement au milieu géographique, comprenant des facteurs naturels mais aussi humains. Tout ceci étant bien entendu contenu dans un cahier des charges.
L'AOC protège l'utilisation des noms géographiques, assure que le produit en question est étoritement lié à son terroir, ce qui fait sa différence, et donc pour le consommateur comme les producteurs concernés, l'AOC implique donc :
- la conservation d'un patrimoine culturel,
- l'assurance d'un produit spécifique,
- un produit possédant une certaine valeur ajoutée,
- un produit possédant une certaine notoriété,
- le maintien d'une activité économique dans les zones concernées.
L'enjeu des AOC, outre la garantie d'une certaine spécificité pour le consommateur, est également économique et culturel. Par exemple, l'AOC permet la préservation des sites et des paysages, puisque toute modification des parcelles classées AOC (urbanisme, voirie, travaux...) est soumise à l'approbation de l'INAO (l'organe exécutif de l'AOC) est peut être bloquée si elle met en péril l'intégrité et la qualité des productions.
Toutefois, l'AOC ne possède pas la portée qualitative ni le niveau de contrôle des produits sous labels rouge ou régionaux. La philosophie de l'AOC n'est pas de faire un produit de qualité, mais un produit unique, non reproductible dans un autre terroir. La qualité, quant à elle, peut varier, en fonction du sol, du climat, du savoir-faire des différents producteurs concernés sur la zone. Parmi les AOC, on peut donc trouver différentes "gamme" de qualité.
6- La mention "Agriculture Biologique" (AB).
Après les labels agricoles (rouge et régionaux), le label "AB" est certainement celui qui génère le plus de contrôles.
Le principe de l'agriculture biologique est une production répondant aux exigences suivantes :
- Culture sur des terres ayant été "converties" à l'agriculture Biologique. Le plan de conversion est de 2 ans avant tout ensemencement (pour les cultures annuelles) ou de 3 ans avant récolte (pour les cultures pérennes).
- Non utilisation de produits chimiques de synthèse.
- Méthodes de travail fondées sur le recyclage des matières premières organiques naturelles et la rotation des cultures.
- Utilisation de moyens de lutte biologiques et non chimiques.
- Limitation de l'emploi "d'intrants" artificiels (additifs désinfectants nettoyants) au profit de naturels.
7- L'Appellation "Montagne".
En 1985, une loi "Montagne" destinait à garantir au consommateur la qualité et la provenance des produits issus de zone de montagne (au moins 700 m d'altitude). c'est ainsi que sur un certain nombre de produits est apparu le logo "Montagne".
Seule la situation en altitude compte, et non les conditions de fabrication/d'origine. L'appellation montagne peut donc avoir une certaine signification pour des produits laitiers, des fruits ou légumes, des animaux, mais moins pour les produits tranformés.
Cette appellation a failli disparaître, et aujourd'hui sa diffusion est très restreinte.
8- La chartre des Produits de Terroirs du Nord-Pas de Calais.
Initié dans la région Nord-Pas de Calais, cette chartre vise à offrir un signe de reconnaissance à une catégorie de producteurs qui ne peuvent pas accéder aux signes officiels de qualité.
En effet, en raison de la taille de leur entreprise, de leur caractère isolé ou de non appartenance à une filière, un certain nombre de petits producteurs locaux ne peuvent prétendre aux labels, malgré une production originale, qualitative, et un savoir-faire lié au terroir.
Les produits qui bénéficient de l'estampille répondent à des exigences définies avec les producteurs, les distributeurs et les consommateurs. Un organisme indépendant en contrôle le respect des exigences, au sein d'un cahier des charges.
9- Les produits "Parc Naturel Régional".
Aussi, initié dans la région Nord-Pas de Calais, cette démarche vise à mettre en valeur les produits locaux, issus du territoire d'un Parc Naturel Régional.
10- Les signes de qualité européens.
Les initiatives de l'Union européenne concernat la qualité des produits alimentaires, remontent à 1991. Cette année-là, deux règlements étaient adoptés, concernant l'agriculture biologique et les normes de commercialisation des volailles.
En 1992, sous l'impulsion de la France, la Communauté européenne adopte deux règlements instituant 3 nouvelles protections européennes : l'AOP, l'IGP et STG.
C'est d'ailleurs dans la suite logique de ces nouvelles protections que la France a adopté en 1994 la loi relative à la reconnaissance de qualité des produits agricoles et alimentaires, afin d'articuler les signes français et les signes européens.
-10/1 : (AOP) Appellation d'Origine Protégée.
Comme l'AOC français, l'AOP protège une appellation gographique et implique des produits dont les caractéristiques sont dues essentiellement ou exclusivement aubterroir. C'est à dire au sol, aux conditions climatiques, au savoir-faire des hommes sur une zone géographique donnée qui donne son nom au produit. La production, l'élaboration, la transformation ont lieu au sein de cette zone?
Ainsi, l'AOP protège le nom d'une région, d'un lieu déterminé, d'une commune,etc.
En France, seuls les produits possédant une AOC peuvent également bénéficier de l'AOP, sauf les produits du secteur vinicole.
-10/2 : (IGP) Indication Géographique Protégée.
L'IGP protège également le nom d'une région, d'une localité, d'un pays, mais qui ne caractérise qu'une partie des spécificités du produit. Le lien avec le terroir est ici moins "fort" que pour l'AOP. De plus, la spécificité du produit peut être liée à un élément culturel, à la réputation, à l'histoire, ce qui va au-delà de la simple origine géographique.
De ce fait, l'IGP n'implique pas une zone d'élaboration unique du produit. Il est important de souligner que l'attribution d'une IGP est, en France, subordonnée à l'obtention préalable d'un signe officiel de qualité : label rouge, label régional, certification de conformité.
-10/3 : (STG) L'attestation de spécificité "Spécialité Traditionnelle Garantie".
Ce troisième signe de qualité européen ne fait pas référence à une origine géographique, mais met en valeur une composante traditionnelle du produit, ou un mode d'élaboration ou de production traditionnel. A l'heure actuelle, les produits STG sont toutefois peu nombreux, bien moins que les AOP et IGP.
-10/4 : La mention "Agriculture Biologique" Européenne.
Cette appellation européenne récente caractérise les produits issus de l'agriculture biologique. Les contraintes de production diffèrent quelque peu de la règlementation française, cette dernière étant plus stricte.
Statistiques sur les signes de qualité européennes :
Etats
membres
|
AOP
|
IGP
|
STG
|
TOTAL
|
Belgique
|
2
|
1
|
15
|
17
|
Danemark
|
-
|
3
|
-
|
3
|
Allemagne
|
37
|
24
|
-
|
61
|
Grèce
|
58
|
18
|
-
|
76
|
Espagne
|
29
|
19
|
1
|
49
|
Finlane
|
1
|
-
|
-
|
1
|
France
|
55
|
59
|
-
|
114
|
Irlande
|
1
|
1
|
-
|
2
|
Italie
|
70
|
32
|
1
|
103
|
Luxembourg
|
2
|
2
|
-
|
4
|
Pays-Bas
|
4
|
-
|
-
|
4
|
Autriche
|
8
|
3
|
-
|
11
|
Portugal
|
48
|
28
|
-
|
76
|
Suède
|
-
|
1
|
-
|
1
|
Royaume-Uni
|
13
|
12
|
-
|
25
|
TOTAL
|
329
|
203
|
17
|
549
|
En conclusion, les signes européens constituent un mode de protection du patrimoine agro-alimentaire européen. Duoint de vue juridique et préventif, ils sont nécessaires et remplissent parfaitement leur rôle.
Par contre, leur utilisation dans notre pays ajoute à la confusion des logos déjà bien nombreux.
Comment le consommateur peut-il s'y retrouver dans un telle jungle !...